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Gouvernement

     Acteur principal de la réforme des rythmes scolaires, à travers le Ministère de l’Éducation Nationale. La réforme des rythmes scolaires se met en place sous l’impulsion du ministre de l’Éducation Nationale, François Peillon, s’inscrivant dans le programme de campagne de François Hollande (Hollande, 2012).

     Selon le site du Ministère de l’Éducation Nationale, la réforme a été mise en place afin de favoriser la réussite des élèves, respecter les rythmes biologiques de l’enfant et réduire leur fatigue par une modification de l’emploi du temps (avec l’ajout d’une demi-journée de temps scolaire et la mise en place d’activités périscolaires permettant de renforcer les fondamentaux) (2013).

     La logique implicite de cette réforme se retrouve principalement la comparaison internationale et l’intérêt de l’enfant en adaptant les rythmes scolaires aux rythmes biologiques (Ministère de l’Éducation Nationale, 2013).

Opposition politique

     L’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) concentre l’essentiel de l’opposition politique à la réforme des rythmes scolaires et le réel mouvement organisé politiquement.

     Elle apportera son soutien aux détracteurs de la réforme, en reprenant à son compte les dysfonctionnement rapportés afin d’attaquer le gouvernement au pouvoir.

     L’objectif de l’UMP est de se montrer à l’opinion public comme soutien des français qui doutent de la réforme. En apparaissant comme l’opposant à la réforme des rythmes scolaires, l’UMP espère concentrer le mécontentement des citoyens dans les urnes des municipales de 2014 (Jaussent, 2014). En mars 2014, la droite remporte les municipales face à la gauche au niveau national.

(Note : il convient de souligner que c’est le même mouvement qui, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy (UMP), avait approuvé le rapport sur les rythmes scolaires remis à Luc Châtel, sans toutefois mettre en place un réforme)

 

Chronobiologistes

     L’introduction de la chronobiologie en France et son institutionnalisation par Hubert Montagner dans les années 80 a permis une prise de conscience sur la nécessité de prendre en compte les rythmes biologiques de l’enfant dans les rythmes scolaires.

     Pour les chronobiologistes, les rythmes scolaires ne peuvent se construire qu’en prenant en compte tous les temps de l’enfant sur une journée (24 heures). De plus, chaque enfant possède son propre rythmes, chaque école son propre contexte. Il convient donc de donner aux acteurs de la souplesse, leur permettant de s’adapter à leur public (Rome, 2015).

     Le but recherché par les chronobiologistes est de mettre en place une cohérence au sein de l’agencement « rythmes scolaires-rythmes biologiques ».

Collectivités territoriales

Association des Maires de France (AMF)

     Association d’élus au nombre de 35 906 adhérents en 2014 (dont 1 360 intercommunalités), pour 36 681 communes existantes (Maires de France, 2014). Sa forte légitimité en fait un acteur important lorsque les collectivités territoriales sont concernées par une réforme.

     L’AMF mettra en avant ses revendications concernant les difficultés d’organisation et de financement de la réforme (AMF Association des Maires de France, 2014d). Elle demandera un assouplissement de la réforme afin d’assurer une meilleure organisation selon le contexte de chaque collectivité, et insistera pour un meilleur financement de la part de l’État, devant prendre ses responsabilités face à la reforme qu’il impose (AMF Association des Maires de France, 2014b).

     Il en ressort que les maires de l’AMF mettront en place la réforme des rythmes scolaire, malgré les difficultés propres à chacun et leurs réticences (AMF Association des Maires de France, 2014c). En effet, si l’AMF est un partenaire exigeant pour l’État, elle n’en reste pas un partenaire pour le moins loyal (AMF Association des Maires de France, 2017a).

Collectif contre la réforme des rythmes scolaires

     Le collectif contre la réforme des rythmes scolaires est un regroupement de maires, essentiellement ayant une orientation politique pour l’essentiel à droite.

     Ils refusent de mettre en place la réforme des rythmes scolaires tant que deux points ne seront pas clarifiés par le gouvernement : l’efficacité de la réforme et le véritable coût de la réforme (qui devrait aboutir à des surcoûts selon leurs estimations). Leur mécontentement tire son origine d’une insatisfaction dans les premiers retours reçus sur les expérimentations de la réforme (Beyer, 2013).

Enseignants

Dans le monde professionnel des enseignants, le rôle des syndicats reste prépondérant. On retrouve entre autres les trois syndicats élus à la Commission Administrative Paritaire Nationale (Ministère de l’Éducation Nationale, 2017), le SNUipp-FSU, le SNUDI-FO et le SE-UNSA ; on pourra également ajouter un dernier syndicat enseignant dans le premier degré : Sgen-CFDT.

Le positionnement de ces quatre syndicats diffère, mais tous s'accordent sur un point : la nécessite de réformer les rythmes scolaires (Gonzague, 2013). Outre cet aspect, chaque syndicat prend un position particulière :

  • SNUipp-FSU : Syndicat majoritaire, il refuse la réforme tout en restant ouvert à la discussion avec les représentants de l'État (Frajerman, 2017). Selon le syndicat, la réforme « n’améliore en rien les conditions d’apprentissage des élèves et ne favorisera pas la réussite scolaire de tous tout en dégradant les conditions d’emploi et de travail des enseignants » (SNUipp-FSU Paris, 2012). Le syndicat s'en prend au manque de cohérence de la réforme entre le territoire et les acteurs locaux (SNUipp-FSU, 2017). La position du SNUipp-FSU se comprend par son organisation « basée sur l’expression de tous les syndiqués et la prise en compte des besoins exprimés par l’ensemble de la profession » (SNUipp-FSU, 2013b), ce l'oblige à prendre en compte tous les positionnements existants et adapter ses revendications.

  • SE-UNSA : Il est plus modéré dans ses positions et propose un accompagnement critique des réformes sans apporter un soutien inconditionnel à la réforme (Frajerman, 2017). Parmi ses revendications, il est mis en avant une cohérence à la fois la réussite des élèves et les conditions de travail des enseignants (Frajerman, 2017). Les positions du SE-UNSA s'explique par un attachement fort au service public, accompagné d'une volonté d'aider l'école à évoluer en même temps que la société, le tout dans un syndicalisme qui se veut moderne (revendications claires et définies) (SE-UNSA, 2016).

  • Sgen-CFDT : A l'instar du SE-UNSA, le Sgen-CFDT se positionne également pour un accompagnement critique de la réforme des rythmes scolaires (Frajerman, 2017). Dans les revendications du Sgen-CFDT se trouve la nécessité de prendre en compte l'ensemble du calendrier scolaire sur la réforme, tout comme l'allongement du temps de travail des enseignants sur la qualité du travail et la fatigue, ou encore permettre la participation des (SNUDI FO Vaucluse, 2008)acteurs locaux aux décisions (Sgen-CFDT, 2017b). Sgen-CFDT s’est construit sur des principes qui consistent à « relever le défi de la démocratisation de l’École, engager une politique de lutte effective contre les exclusions, pour l’emploi, construire une stratégie de transformation de l’École » (Sgen-CFDT, 2017a).

  • SNUDI-FO : La position du SNUDI-FO attenant à la réforme des rythmes scolaires est le refus pur et simple des propositions gouvernementales (Frajerman, 2017). Le syndicat dénonce les dysfonctionnements des expérimentations, mais aussi la « dégradation des conditions de travail des enseignants et d'apprentissage des élèves » (SNUDI FO 95, 2014). Le SNUDI-FO se positionne comme un défenseur du statut de fonctionnaire, refusant tout compris avec quelque hiérarchie que ce soit (SNUDI FO Vaucluse, 2008).

(Note :  pour les revendications du SNUDI-FO, consulter le billet daté du 1 juin 2017 (SNUDI FO 95, 2017), visible à l’adresse http://www.snudifo95.com/2017/06/rythmes-scolaires-le-snudi-fo-s-adresse-au-ministre-avant-le-cse-du-8-juin.html)

Parents

  • Mouvement des gilets jaunes : Ce groupe de parents est issu des premiers retours des expérimentations de la réforme des rythmes scolaires. Face au manque d’amélioration prévue, aux problèmes de fatigue, aux activités périscolaires sans intérêt et au trop grand mouvement au sein des équipes éducatives, les parents d’élèves se sont organisés. Ce regroupement est basé sur l’indépendance de toute politique, mais surtout de la peur pour la sécurité et l’avenir de leurs enfants (Bancaud, 2014).

  • PEEP : Elle est l’une des deux fédérations de parents d’élèves existantes au niveau national avec la FCPE. Elle est d’une tendance politique orientée plus à droite que sa consœur (PeeP ou FCPE, 2011) et met en avant comme principes la primauté éducative des parents, et l’indépendance syndicale et politique de la fédération (PEEP, 2017a). Concernant la réforme des rythmes scolaires, elle se positionne en faveur d’un aménagement face à un manque de souplesse, et donc d’options pour les acteurs de terrain. Elle se postera également sur le terrain du temps éducatif (réforme mal adaptée pour les maternelles et temps d’apprentissage raccourci dans une journée plus longue) (PEEP, 2016).

  • FCPE : Fédération parentale majoritaire au niveau national, la FCPE est considérée comme appartenant au bord gauche de la politique. Elle accorde une suprématie à l’État sur la presque globalité des sujets proposés, dont la réforme des rythmes scolaires (PeeP ou FCPE, 2011). La FCPE suivra le projet porté par les différents ministres de sous le gouvernement de François Hollande, mais sera réticente aux modifications apportées par Emmanuel Macron (Brigaudeau, 2017). Elle se positionne en faveur d’un respect du calendrier scolaire cohérent (jour, semaine, année), respectant les rythmes biologiques de l’enfant et permettant de favoriser ses apprentissages au même titre que les activités périscolaires (FCPE, 2011, p. 7).

Médias

  • La Croix : Le journal La Croix prend position en faveur des maires gênés par la réforme et s’oppose à la mise en place de la réforme sans refuser les gestes du gouvernement dans la perspective d’un assouplissement. Ce journal, chrétien et catholique avec une posture traditionaliste, suit les mêmes évolutions de l’Église en s’adaptant à une période de sécularisation (Goubert, 2015).

  • Aujourd’hui en France/Le Parisien : Le journal se place contre la réforme des rythmes scolaires, malgré une ligne éditoriale qui se veut faite de neutralité politique, mais surtout de proximité avec son lectorat (Libération, 2010).

  • Le Monde : Journal massivement en opposition à la réforme des rythmes scolaires, tout en se faisant le relais de chaque acteur et de leur positionnement (UMP excepté). Le positionnement du journal s’explique par sa charte indiquant que « la vocation des titres du groupe Le Monde est de fournir, sur tout support, une information de qualité, précise, vérifiée et équilibrée. Les journalistes doivent porter un regard critique sur l'information et faire écho au pluralisme des opinions » (Télérama).

  • Libération : « Tire à boulets rouges » sur ce qui ressort du paysage médiatique. Adopte une posture critique vis-à-vis de la réforme sans prendre de réel parti. Libération est un journal considéré comme étant de gauche. Selon Grégoire Biseau, journaliste à Libération, le journal ne doit pas adopter une ligne éditorial, mais «  creuser nos différences, les expertiser, les confronter » (2014).

  • L’humanité : Longtemps organe central du Parti Communiste Français (de 1920 à 1994), le journal conserve une trace de son passé au sein de sa ligne éditoriale : il se place en opposition à la réforme et au gouvernement, mais soutient le syndicalisme.

  • Le Nouvel Obs : le journal prend position en faveur de la réforme, mais on remarquera une alternance de papiers en faveur/contre la réforme des rythmes scolaires. L’orientation de centre gauche et socio-démocrate de journal devient précaire à partir du rachat du journal en 2014 par les trois actionnaires majoritaires du groupe Le Monde (Pierre Bergé - Xavier Niel - Matthieu Pigasse) (Anizon & Sénéjoux, 2014).

  • Le Figaro : Le journal soutient ouvertement les opposants à la réforme. Il prône un libéralisme politique et défend un conservatisme culturel français (De Morel, 2014).

Industrie du tourisme

     C'est l'acteur surprise de la réforme des rythmes scolaires, avec pourtant un des rôles les plus prépondérants. Il intervient notamment au travers de l'Union des Métiers et Industries de l'Hôtellerie (UMIH).

     L'industrie du tourisme ne prend pas position contre l'ensemble de la réforme des rythmes scolaires, mais contre certains points précis. Elle est contre l'école le samedi matin et contre toute modification du calendrier scolaire sauf pour un étalement des vacances sur trois mois. Elle défend également 4 semaines de vacances en hiver (Bonnefous, 2011). Les prises de position de l'industrie du tourisme indique un intérêt économique et la tentative de faire coïncider les jours sans école avec des périodes favorables au tourisme.

     Le secteur du tourisme en France correspond à 6% du PIB et emploie de nombreuses personnes (Bonnefous, 2011). Toute modification du calendrier peut avoir un impact considérable sur le secteur en question et sur l'économie du pays. Le poids du secteur touristique dans l'économie du pays permet donc d'exercer son influence jusqu'au Ministère de l'Éducation Nationale (Marboeuf, 2014).

Analyse des acteurs et de leurs arguments

Carte des acteurs de la réforme des rythmes scolaires
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